Une législature perdue !
Jamais une législature n’aura été placée sous le signe d’autant de changements dans le monde du transport. Pensez donc : elle a débuté avant le Covid, à une époque où le camion électrique était encore une vague perspective. Or, en quatre ans, il ne s’est strictement rien passé en Belgique. Quelques efforts de la part de la Flandre pour soutenir l’acquisition de deux camions à zéro émissions par entreprise, et puis plus rien !
Aujourd’hui, le transporteur belge est dans l’impossibilité de se positionner sur les marchés logistiques de demain. La faute, en grande partie, à un total manque d’intérêt de la part des différents niveaux de pouvoir pour le secteur, voire d’un mépris dicté par le dogmatisme le plus virulent. Le ministère fédéral de la mobilité n’a d’yeux que pour le train (de voyageurs s’entend), les régions encaissent les recettes de la perception kilométrique mais ne se parlent pas ou plus et l’instance qui devait traiter des thèmes d’intérêt commun entre le fédéral et les régions soit ne se réunit plus soit n’accouche de rien de concret.
A côté de cela, il faut voir les fédérations néerlandaises se réjouir d’être écoutées par leurs instances responsables, il faut assister à la mise en place de plans de soutien forts en Allemagne, il faut constater que la France investit massivement dans ses infrastructures de recharge et dans le futur écosystème de l’hydrogène. Je vous l’accorde, il ne se passe pas grand-chose au Luxembourg non plus mais c’est une consolation très mince.
A un an des prochaines élections législatives, régionales et européennes, le bilan est donc catastrophique. Et le constat est amer : la sixième réforme de l’état, qui a saucissonné les compétences en matière de mobilité, est un échec. On ne compte plus les manquements wallons et bruxellois en matière de formation continue, les frictions au contrôle technique pour des véhicules immatriculés dans une autre région et les tracasseries administratives inutiles pour les entreprises. Mais surtout, c’est l’apathie générale qui se dégage de l’ensemble, au moment où il s’agirait de frapper juste, vite et fort, qui irrite. Les instances représentatives du secteur réussiront-elles à s’entendre pour le faire savoir, à l’heure où les partis sont déjà en campagne pré-électorale ?
Claude Yvens,
Rédacteur en Chef.