[EXCLUSIF] Frédéric Jacquet (directeur général ad interim) : « Liege Airport s’en remettra ! »

En trois semaines, une année qui commençait sous un ciel sans nuage s’est transformé en une petite tempête pour Liege Airport. Le 19 janvier, FedEx Express annonçait son intention de réduire drastiquement ses trafics à Liège et le 9 février, le directeur général Luc Partoune était débarqué par le conseil d’administration. Frédéric Jacquet, le directeur général ad interim, est directement plongé au cœur des dossiers chauds et nous a accordé une interview exclusive.

Le bilan chiffré a confirmé l’excellente année qu’a vécu Liege Airport, avec une nouvelle progression des trafics de 24 %. Liege Airport a profité à la fois de sa spécialisation dans le full cargo, de son rôle de plaque tournante pour le trafic de produits médicaux et de l’explosion des flux e-commerce (de 320 à plus de 500 millions de colis en un an !).

Une progression structurelle

Qu’est-ce qui est structurel et conjoncturel dans les volumes supplémentaires de 2020 ?
F. Jacquet : Les vols passagers vont un jour ou l’autre reprendre du fret, donc cette bulle-là se dégonflera, tout comme celle des masques. D’un autre côté, la lame de fond de l’e-commerce est structurelle. Nous prévoyons donc encore une progression de 5 % en 2021.

Dans ce contexte favorable, la décision de FedEx de réduire ses activités a dû retentir comme un coup de tonnerre…
F. Jacquet : Cette restructuration n’a pas été concertée avec la direction de l’aéroport. Socialement, c’est un choc que nous devons atténuer au maximum en favorisant la création d’emplois, notamment grâce au soutien des acteurs publics qui doivent favoriser un développement rapide de l’aéroport. Economiquement, la décision de FedEx a des conséquences, mais elle n’impacte pas nos prévisions de trafic pour 2021 et ne met pas à mal notre modèle de développement. Il est important de rappeler que FedEx restera un client important de notre aéroport. Je veux être optimiste : cette restructuration justifie les décisions passées de mener une politique de diversification avec des clients comme Ethiopian, AirBridge Cargo, ASL, Qatar Airlines… et Alibaba. Commercialement, cette décision ouvre des opportunités à d’autres acteurs présents sur le site ou soucieux de s’y établir. Stratégiquement enfin, notre vision 2040 n’est pas mise à mal et la diminution des activités de FedEx va libérer des espaces que nous pourrons exploiter à terme.

L’aéroport a beaucoup investi dans son infrastructure logistique. Ces plans vont-ils se poursuivre ?
F. Jacquet : Les bâtiments que nous avons inaugurés en février 2020 étaient déjà pleins en avril. Nous allons maintenant allonger la piste secondaire de 960 mètres pour pouvoir y faire décoller des vols long courrier complètement chargés et permettre à terme la rénovation de la piste principale sans impacter nos activités. C’est le plus gros investissement. Nous allons aussi construire un nouveau parking dans la zone Nord et construire 30.000 m2 de bureaux et des halls supplémentaires de première ligne. Pour les activités de seconde ligne, ce sont les privés qui investissent.

Y a-t-il encore des terrains pour accueillir ces privés ?
F. Jacquet : Avec les efforts prévus par la Sowaer, qui aménage de nouvelles zones d’activité économique, nous aurons de nouveaux terrains à disposition d’ici 2022. Mais nous devons aussi nous pencher sur la capacité du terminal ferroviaire qui arrive à saturation. Cette réflexion est évidemment enrichie par la relance du projet Euro Carex, dont le terminal pourrait s’installer sur une partie de la zone qui est propriété de la Sowaer, mais qui n’est pas encore viabilisée. Chez nous, le projet Carex est prêt, et la Région Wallonne l’a retenu dans son plan de relance post-Covid. Il s’inscrit en outre parfaitement dans les objectifs du Green Deal.

Y a-t-il des synergies possibles entre les activités liées à l’e-commerce et les autres flux ?
F. Jacquet : Il y a dix ans ça semblait inimaginable mais Alibaba est un acteur disruptif : ce n’est pas un logisticien, et il va développer d’autres modes de transport que l’aérien. Je vois par exemple des synergies à créer avec le ferroviaire.

Et avec le Trilogiport, l’autre grand pôle multimodal à Liège ?
F. Jacquet : Nous sommes complémentaires, pas concurrents.

Pour en revenir à Alibaba, que répondez-vous à ceux qui disent que son arrivée va créer des emplois de faible qualité ?
F. Jacquet : Quand il sera opérationnel fin 2021, Alibaba respectera à 100 % la législation sociale belge, et les emplois qu’ils créeront seront aussi qualitatifs que les autres, comme l’a fait ECDC Logistics par exemple. Cette logique de ‘sous-emplois’ m’agace un peu. Allez en parler à ces centaines de familles qui vont en bénéficier demain. L’emploi est une nécessité, singulièrement dans notre région.

Y a-t-il d’autres conditions que Liege Airport devra remplir pour poursuivre sur la voie du succès ?
F. Jacquet : Nous devons d’abord préserver notre capacité à fonctionner en H24 pour poursuivre notre développement. Il faut aussi développer la mobilité autour de l’aéroport et avancer dans nos projets liés aux énergies renouvelables et plus globalement à l’intégration des enjeux environnementaux dans notre stratégie. L’Aéroport par exemple accueillera dans deux ans une station à hydrogène pour poids lourds, en partenariat avec John Cockerill qui développe la technologie de l’électrolyse à partir de panneaux solaires. 2023 me paraît un objectif réaliste, et nous serions alors le troisième site à proposer de l’hydrogène en Belgique.

lisez aussi

Événements à venir

VOUS NE RECEVEZ PAS ENCORE NOTRE NEWSLETTER HEBDOMADAIRE? ALORS INSCRIVEZ-VOUS DÉS MAINTENANT!

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.
transport media logo