Télématique et software : Pour ne plus choisir entre chiffre d’affaires et bénéfice

Avec une économie qui a rarement été aussi porteuse, la plupart des transporteurs sont en mesure de sélectionner (un peu) leurs clients. Comment, dans ce contexte, utiliser à son avantage les places de marché électroniques et les divers logiciels qui sont de plus en plus interconnectés ?

Ne dites plus ‘bourses de fret’, dites ‘places de marché’. Le premier terme renvoie à la fin du 20e siècle et il ne couvre de toutes façons plus la variété des relations commerciales que les places de marché d’aujourd’hui permettent.

Moyen de prospection

« Aujourd’hui, ce n’est plus suffisant de fournir une plate-forme où l’offre et la demande se rencontrent. Nous devons mieux répondre vaux besoins réels du transporteur en créant un environnement de travail digital sécurisé et où l’on peut rapidement et de manière interactive optimaliser ses chargements (pour le chargeur) et ses véhicules (pour le transporteur) », résume ainsi Mario Taets, CEO de Webtrans.

Plusieurs de ces places de marché (Teleroute, Timocom…) existaient déjà à l’époque des bourses de fret et se sont réinventées ces dernières années, entre autres sous la pression des plates-formes de tendering et de nouveaux acteurs 100 % digitaux sur le marché ‘spot’. Le positionnement y est différent. « Le recours à une place de marché offre bien plus que l’optimalisation des kilomètres à vide », explique ainsi Gwendydd Beaumont, responsable de la communication chez Upply. « Un petit ou moyen transporteur inscrit sur notre place de marché accède directement à de nouveaux prospects, y compris à de gros chargeurs. En trouvant le fret qui l’intéresse, il peut entrer en contact direct avec le donneur d’ordre. Les coûts de prospection sont donc minimisés. »

Le seul aspect dont ces plates-formes ne se chargent pas est la négociation sur le prix. In fine, c’est ce qui les distingue d’un expéditeur ou d’un ‘digital broker’ qui se fait payer avec un fee pour avoir servi d’intermédiaire entre le chargeur et le transporteur. Un exemple de ces ‘digital brokers’ est Saloodo, mais il s’agit là d’une plate-forme créée par DHL Deutsche Post.

Cela ne signifie pas que la plate-forme elle-même ne collecte pas les données relatives aux prix. Upply, par exemple, s’en est même fait une spécialité et propose une analyse régulière des tarifs de transport (aller et retour) entre les principaux pôles de transport européens. Dans ce cas, les données sont cryptées et anonymisées.

Pour en revenir au métier de base des places de marché, il doit rester un complément pour l’entreprise de transport. Même les plates-formes en conviennent, comme l’explique Veronica Rodriguez (Head of Brand chez Alpega Group) : « Nos plates-formes n’ont pas été conçues pour gérer l’entièreté de l’activité& de transport d’une société. C’est un complément aux plates-formes de tendering et à la prospection commerciale directe. Baser toute son activité sur une place de marché reviendrait à reconnaître que l’on manque d’une structure commerciale et de clients directs, et ce serait une source d’instabilité sur le marché. »

Un environnement sécurisé

Les places de marché les plus avancées ont aussi beaucoup développé deux services bien utiles pour les transporteurs. D’une part, il s’agit (comme y fait allusion Mario Taets) de créer un environnement sécurisé. « Sans sécurité, la notion de collaboration n’a aucun sens », estime Veronica Rodriguez. Alpega, comme les autres acteurs sérieux, a donc mis en place des outils de screening des nouveaux participants à ses plates-formes Teleroute, Wtransnet et 123Cargo. Upply vérifie aussi la solvabilité de tous les donneurs d’ordres via Altarès / Dun & Bradstreet.

Chez Webtrans, les vérifications vont même plus loin, comme l’explique Mario Taets : « Nous sommes en relation avec tous les ministères en Europe, et nous pouvons vérifier à tout moment si une plaque d’immatriculation particulière, par exemple, est bien liée à la société qui est inscrite sur la place de marché. Nous fournissons cette confirmation sur simple demande. » L’information intéressera surtout les chargeurs, mais elle limite aussi le recours abusif à la sous-traitance et combat ainsi, indirectement, la ‘course vers le fond’ dont on accuse parfois les places de marché électroniques.

Ces services sont particulièrement utiles pour les petites entreprises de transport, qui ne peuvent généralement pas se payer d’assurance-crédit. Timocom et Teleroute proposent ce service à la demande, mais chez Webtrans, par exemple, le transport peut même s’abonner à un suivi régulier de ses donneurs d’ordres.

Pour qui veut aller plus loin, les places de marché ont développé des services de paiement garanti. « Nous faisons payer les chargeurs dès la réservation du transport. Cela permet aux transporteurs d’être payés trois jours après la livraison », indique-t-on chez Upply.

Alpega propose aussi ce type de service pour Teleroute. Il s’agit d’une solution classique de factoring qui garantit un paiement dans les deux jours après émission de la facture. Teleroute fast Payment est pour l’instant disponible pour les transporteurs belges, néerlandais et espagnols et pour des frets négociés avec des clients français, espagnols et du Benelux. L’offre devrait s’étendre à d’autres pays européens. Chez Webtrans, ce service est proposé pour un coût fixe par facture.

Bientôt l’AI

Il reste que le principe de faire correspondre offre et demande sur le marché ‘spot’ reste assez artisanal tant que le transporteur repère simplement une offre de fret retour qui l’intéresse et conclut le contrat de transport de manière plus ou moins digitalisée.

Les places de marché s’intègrent donc de plus en plus d’une part avec un ERP et évoluent vers des outils qui intègrent la totalité des fonctions en aval du contrat de transport, de la gestion des CMR électroniques à la facturation en passant par le track & trace. Ce faisant, elles débordent sur le domaine qui était réservé jusque là au TMS (Transport Management System).

L’étape suivante verra l’irruption de l’intelligence artificielle (AI) et de technologies comme la blockchain dans le processus : c’est le système qui détectera quels frets de retour se combinent le mieux avec chaque véhicule en fonction des autres chargements, des heures et lieux de (dé)chargement, du kilométrage supplémentaire et même des heures de conduite du chauffeur (Webtrans travaille dans ce domaine à un partenariat avec VDO-Continental). Mais pour cela, le transporteur devra ‘confier’ la totalité de ses données à la plate-forme. Ce qui servira probablement à augmenter son chiffre d’affaires et sa marge bénéficiaire lui coûtera donc en indépendance.

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