[TEST COMPARATIF] Fiat E-Ducato vs. Maxus eDeliver 9 : Un monde de différence

Opposer l’E-Ducato à l’eDeliver 9, c’est mettre le maître face à son élève, mais aussi provoquer un choc des cultures industrielles entre le Vieux Continent, très expérimenté, et la Chine, hyper réactive. Une confrontation d’autant plus exaltante qu’elle n’a pas manqué de nous surprendre.

Champion des ventes en Europe en 2020 dans sa catégorie avec 150.000 unités vendues, le Ducato fête cette année son quarantième anniversaire. Une célébration qui passe par un léger lifting… dont ne profite pas l’E-Ducato (du moins pas dans l’immédiat), le premier véhicule 100 % électrique de Fiat Professional. Le Maxus eDeliver 9, lui, est tout nouveau : cela fait à peine 2 ans que la marque a (re)fait son apparition chez nous sous l’impulsion du chinois SAIC avec l’EV80, un fourgon électrique que l’eDeliver 9 remplacera progressivement.

A bord

A bord de l’eDeliver 9, la présentation est moderne avec un grand écran central, mais aussi soignée, avec des matériaux certes en plastique dur, mais présentant bien à l’œil. Malheureusement, le volant est uniquement réglable en hauteur de même que le repose-pied est implanté trop en arrière. Côté instrumentation, que du classique, avec des cadrans à aiguilles et un écran LCD pour l’ordinateur de bord affichant de nombreuses informations (consommation moyenne et instantanée, pression des pneus, vitesse moyenne et instantanée, distance avant révision, temps de conduite, etc.).

Dans l’E-Ducato, l’ambiance est plus typée utilitaire avec beaucoup de tôles apparentes, voire vieillotte pour ce qui concerne les cadrans (rappelons que l’E-Ducato ne profite pas encore de la remise à jour esthétique des versions thermiques), tandis que le côté « after-market » de l’écran de gestion du système électrique trahit le fait qu’à l’origine, cet utilitaire n’avait pas été pensé pour recevoir un moteur électrique. Cela étant, au-delà de ces considérations esthétiques, l’italien s’avère plus pratique à l’usage avec davantage de rangements et de fonctionnalités. Reste qu’en matière de position de conduite, on est tout aussi moyennement assis que dans le Maxus, avec une colonne de direction qui s’ajuste uniquement de manière télescopique.

Sur la route

Petite déception dès les premiers mètres avec le Maxus, la direction impose un effort trop important pour sortir du zéro (commencer à braquer), tandis que l’élasticité excessive (volonté du volant de revenir en position neutre) ne nous a pas plu davantage. Bref, des réglages laissant en mains des sensations trop artificielles. Pour ce qui est du confort de roulage, l’eDeliver 9 nous a surpris par son niveau de filtration et la douceur de son amortissement, du moins, jusqu’au premier ralentisseur. Là, le fourgon chinois (à vide) trahit un important sous-amortissement de l’essieu arrière qui « relance » et provoque donc des sautillements aussi désagréables que disgracieux. Ajoutons qu’en virage, le train avant manque de linéarité avec une tendance à resserrer la trajectoire après quelques secondes pour un angle au volant constant. Autant de remarques qui trahissent une mise au point des liaisons au sol assez peu rigoureuses.

Trois modes de conduite sont proposés : Eco, Normal et Power. Nous avons privilégié le mode normal, conférant déjà un bel agrément de conduite, avec des accélérations vives jusqu’à 80 km/h (vitesse maxi limitée à 100 km/h). Petite particularité, l’intensité de la régénération de l’énergie à la décélération est réglable sur 3 niveaux via les palettes au volant. Malheureusement, même la première position provoque un ralentissement trop important. Pour profiter de la roue libre, on n’a donc pas d’autre choix que de maintenir légèrement le pied sur l’accélérateur.

D’emblée, l’E-Ducato s’avère nettement plus raide que l’eDeliver 9. Ici, la présence d’un essieu arrière rigide ne fait aucun doute. Certes, le véhicule mis à notre disposition était vide, mais même sur une route apparemment en bon état, on est constamment chahuté. Autre différence de taille, le Fiat est particulièrement mou dans ses accélérations et reprises. Et pour cause, puisque si le Maxus dispose de 204 ch et 310 Nm, le Fiat doit se contenter de 122 ch et 280 Nm. Sa direction en revanche nous a semblé nettement plus naturelle et agréable. Côté régénération, le levier de vitesses prévoit juste une position B(rake) en plus du traditionnel D(rive). Mode B activé, le frein moteur est semblable à celui d’un véhicule classique, tandis qu’en mode D, on bénéficie d’une roue libre permettant de se déplacer sans consommer le moindre ion et sans trop perdre de vitesse, tandis que la régénération reste possible en effleurant la pédale de frein. Curieusement, le levier de frein à main est toujours présent alors qu’un frein de stationnement électrique s’active dès qu’on coupe le contact.

Espace de chargement

L’eDeliver 9 est disponible en versions L2H2 et L3H2 avec des volumes de chargement de 9,7 et 11 m³ (identiques à ceux de la version Diesel) et des charges utiles de 860, 980 et 1 200 kg, en fonction de la batterie choisie. Un L3H3 est également disponible, avec une homologation N2 (MMT 4,05t). Il propose 12,5 m³ de volume de chargement et une charge utile brute de 1 350 kg. Début 2022, Maxus élargira encore sa gamme avec une version châssis-cabine (de 1 335 à 1 885 kg de charge utile).

L’E-Ducato se décline en de très nombreuses variantes de carrosserie (fourgon, châssis-cabine et transport de personnes) dotées des mêmes volumes utiles que le Ducato traditionnel, de 10 m³ à 17 m³ et de charges utiles de 690 à de 1950 kg (en version 4t, la meilleure du marché). Pour ce qui est des fourgons, l’E-Ducato existe en 3 longueurs et 3 hauteurs. Vous l’aurez compris, il s’adresse à un public nettement plus large.

Budget

L’eDeliver 9 de notre essai, un L2H2 (52 990 € HTVA), est proposé avec une batterie de 51,5 kWh autorisant une autonomie WLTP de 186 km (les batteries de 72 et 89 kWh sont réservées aux versions L3H2 et L3H3). Au départ de l’essai, l’ordinateur de bord mentionnait un rayon d’action de 163 km. Après un parcours varié de 40 km, notre moyenne s’est stabilisée à 27,2 kWh/100 km. Le chargeur embarqué supporte une puissance de recharge maximum de 11 kW en courant alternatif (un cycle de recharge de 5 à 100 % prend donc entre 5 et 7,5 heures en fonction de la batterie choisie) mais une recharge en courant continu de 50 kW maximum est aussi possible. Il suffit alors de 30 min pour récupérer 80 % de charge. Côté équipement, c’est Byzance : contrôle de la pression des pneus, aide au maintien dans la voie, contrôle de l’angle mort, 6 airbags, phares et essuie-glace automatiques, capteurs de stationnement avec caméra de recul, connectivité AppleCarPlay & Android Auto, climatisation, phares LED… Tout est de série. Chaque Maxus eDeliver 9 bénéficie d’une garantie usine complète et d’une assistance routière de 5 ans/100 000 km et d’une garantie sur la batterie de 8 ans/160 000 km.

L’E-Ducato (56 650 € HTVA pour notre modèle de 47 kWh) est aussi disponible avec une grosse batterie de 79 kWh (17 500 € HTVA de supplément !). La batterie est garantie 8 ans ou 160.000 km (10 ans/220.000 km pour la version 79 kWh). En série, on dispose d’un chargeur de 7 kW. Les autres solutions de recharge sont optionnelles : 11 kW (1 500 € HTVA), 22 kW (3 000 € HTVA) ou encore un chargeur de 50 kW en courant continu (2 250 € HTVA) permettant de récupérer 100 kilomètres d’autonomie en 30 minutes. En pratique, avec une batterie chargée à 95 % au départ de l’essai, nous disposions de 154 km d’autonomie (Fiat annonce 170 km WLTP). Après un parcours de 45 km, il restait 70 % de batterie et 106 km avec des consommations de 25 à 40 kWh/100 km correspondant approximativement à une moyenne de 32,5 kWh/100 km. Notons enfin que pour disposer d’un équipement comparable à celui de l’eDeliver, il vous faudra consentir un effort supplémentaire d’au moins 5 000 € !

Dans les deux cas, le supplément par rapport aux versions Diesel comparables en termes de volume et de charge utile (mais pas d’autonomie) est largement supérieur à 20.000 €. Financièrement parlant, un fourgon électrique exige toujours d’avoir sacrément la fibre écologique.

Conclusion

Certes, l’E-Ducato est plus abouti sur le plan pratique et fonctionnel (plus d’espaces de rangement, possibilité de disposer d’une seconde porte coulissante, très nombreuses variantes de carrosserie, volumes et charges utiles plus étendus), mais honnêtement, sur le marché du fourgon L2H2, l’eDeliver 9 risque de lui mener la vie dure. Nettement moins cher et bénéficiant d’une dotation de série beaucoup plus riche, le chinois bénéficie d’une présentation plus flatteuse, d’un meilleur confort de roulage et d’un groupe propulseur bien plus puissant. Il est vrai que le réseau de distribution et d’après-vente de Maxus n’est pas celui de Fiat, mais pour ce dernier, cela ne s’apparente qu’à une maigre consolation…

Tout savoir sur Maxus (Maxomotive SA)

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