Les tensions géopolitiques et le ralentissement de l’économie (européenne) ont eu un impact sur les chiffres annuels 2023 du port d’Anvers-Zeebrugge. Le débit total de marchandises a baissé de 5,5 % par rapport à 2022. La plus grande préoccupation, cependant, est la sécurité juridique dans les nombreux dossiers de permis et d’investissement qui sont en cours de développement pour les zones portuaires d’Anvers et de Zeebrugge.
Le trafic de conteneurs dans les ports d’Anvers et de Zeebrugge a diminué : en 2023, le transbordement de conteneurs a baissé de 6,3 % en tonnes et de 7,2 % en EVP par rapport à 2022.
En 2023, 20 156 navires de haute mer ont fait escale dans le port d’Anvers-Bruges, soit une baisse de 4,2 %. Le tonnage brut total de ces navires a toutefois augmenté de 2,6 % pour atteindre 657 millions de tonnes.
Le transbordement de vrac liquide a baissé de 2,1 % en 2023, perpétuant le niveau élevé de 2022. Les expéditions de produits chimiques ont fortement diminué (-8,1 %), compte tenu des prix élevés de l’énergie et des difficultés économiques auxquelles le secteur chimique est confronté. Les transbordements de biocarburants ont diminué et le LNG est également resté en dessous du niveau de 2022 lorsque, en pleine crise de l’énergie, on en importait le plus possible.
Le fret général conventionnel subit une baisse de 18,8 % par rapport à 2022. Le commerce de l’acier, qui est très important dans ce segment, a de nouveau opté davantage pour le transport en vrac que pour les conteneurs dans le chaos de la pandémie de grippe aviaire. Aujourd’hui, une plus grande quantité d’acier est à nouveau transportée par conteneur. La baisse de la demande d’acier et la réduction de la production européenne jouent également un rôle à cet égard.
Le segment ro-ro a accueilli 3,56 millions de nouvelles voitures, soit une croissance de 9 % en nombre d’unités. Le tonnage a baissé car il y a eu moins de camions et d’équipements lourds. Le secteur roulier, traditionnellement fort à Zeebrugge, est également confronté à la détérioration de la situation économique au Royaume-Uni.
Jacques Vandermeiren, directeur général du port, reconnaît que les chiffres montrent un déclin dans tous les segments, mais il est le premier à nuancer l’histoire. « Les chiffres des autres ports sont probablement encore pires. Notre part de marché, en particulier pour les conteneurs, a augmenté de 1 %. En ces temps difficiles, Anvers reste plus fort que les autres ». M. Vandermeiren note également que les chiffres de 2023 sont similaires, en termes d’ordre de grandeur, à ceux de l’année 2019 pré-Covid, qui était alors la septième année record d’affilée pour le port d’Anvers, pas encore fusionné.
Au cours des dix prochaines années, l’autorité portuaire prévoit d’investir pas moins de 3 milliards d’euros dans de nouvelles infrastructures, l’écologisation et l’efficacité. Les projets les plus connus sont le nouveau quai à conteneurs sur la rive gauche de l’Escaut et la rénovation de l’écluse Royer. Le terminal Europa fait également l’objet d’une rénovation complète.
Néanmoins, les acteurs portuaires attendent une action rapide de la part des autorités compétentes en ce qui concerne le décret sur l’azote et la politique d’octroi de licences. La sécurité juridique est le principal souci des entreprises privées du port d’Anvers et de l’autorité portuaire. Les projets d’augmentation de la capacité de conteneurs à Anvers et de construction d’une nouvelle écluse à Zeebrugge pourraient ne pas voir le jour avant 2026, et dans l’intervalle, le manque de clarté concernant les PFAS freine les projets de divers acteurs industriels dans la zone portuaire. « Nous attendons toujours des décisions du gouvernement flamand au cours de cette législature », déclare Jacques Vandermeiren. « Nous ne devons pas perdre notre élan, le monde bouge, évoluer trop lentement et investir risque de nous faire perdre des opportunités pour l’avenir. »
